Assez longuement attardé sur un pauvre enfant sans défense, un marchant ambulant, traînant avec ferveur sa chariote de boisson chaude derrière lui, hurlait à qui voulait l'entendre le gout exceptionnel de son chocolat chaud. Ce fut une autre odeur qui attisa les narines de l'étrangère : un thé ... l'essence semblait exquise, le goût n'était plus qu'à vérifier. Elle osa donc en acheter, ce liquide versé dans un verre en plastique blanc, recouvert par la rouille du vieux chariot. De quoi attrapé le tétanos !
L'homme remercia sa cliente et continua son chemin sur la terre du parc. Les yeux bleutés ne le quittèrent pas un seul instant, jusqu'à ce qu'il ait disparu dans les sillons du brouillard matinale ...
Apportant le thé à ces lèvres, elle le goûta avant de le recracher à peine sa langue eut-elle touché le thé : il était infecte ! N'y avait-il donc personne dans cette ville qui sache en faire à part l'autre banane en moumoute ? Parlent de lui ... cela faisait un moment qu'il n'était pas venu l'enquiquiner ... pas de nouvelles, bonnes nouvelles !

Retournant alors à la boutique avec hâte, le temps s'écoulant bien trop rapidement à son goût (ah, le temps nous manque toujours ! Toujours une question de temps !) la blonde percuta un jeune homme, renversant le contenu de son verre sur lui ... Aoutch, cela à dû lui faire un peu mal ... et le mot semblait faible ...
Ecila détailla le jeune garçon (jeune à ces yeux, bien évidemment) : il était Roux (enfin autre chose que du brun et du blond !) et ces yeux ... cette odeur ... l'odeur du pays ... Des prairies sans fin, de la pluie incessante, de l'air pur ... Le pauvre garçon reçut alors la jeune femme blonde dans ces bras : l'air du pays ! Elle ne l'avait pas sentit depuis bien quelques années désormais ! Le pauvre homme ne devait comprendre la situation et ce n'est pas dans sa position actuelle qu'elle lui donnerait plus de détail ! Sans son avis, elle le traîna vers l'arrière-boutique et le poussa vers la cuisine où reposait sur la table de travail farine et oeufs ... Non, elle ne planifiait pas de meurtre (pas son genre), ce n'était que les ingrédients de base qui l'attendait !

Fouillant dans un placard pour lui donner une veste blanche à l’effigie de la boutique, afin qu'il ne se promène pas avec cette gigantesque tache que trop voyante sur son haut, elle bondit par-dessus le comptoir pour aller ouvrir les volets métalliques de la boutique. Et dans un geste que plus naturelle, elle prit une enseigne avec écrit dans une couloir rosé


"Bienvenue, que souhaitez-vous déguster ?"

Rien n'était plus paisible que d'entrer dans sa boutique. La cuisine blanche, la plan de travail couloir bois, la petite fenêtre qui donnait une belle vue sur le ciel, la sérénité des lieux. La boutique avait cet aspect que les filles qualifieront de mignon sans pour autant repousser la clientèle masculine. Dans chaque coin de la boutique se trouvait une plante (elle ne pouvait supporter sans) qui n'avait aucune fleur : oui, pour éviter de faire fuir ceux qui faisaient des allergies au pollen. La petite (ou grande, au vu de son mètre soixante-quinze) Ecila retourna la pancarte de la porte qui affichait un joyeux "OUVERT".

Son blouson marronné fut enlevé et bien vite ranger dans une armoire alors qu'elle cherchait un chouchou pour attacher ces cheveux. Attrapant rapidement son napperon, elle sourit une nouvelle fois à cet étranger qui ne semblait pas savoir où se mettre. Il lui fit sa première commande de la journée : du chocolat . Bien mais sous quel forme ? N'ayant rien spécifier, elle prépara un chocolat chaud surmonté avec de la chantilly, des copeaux de chocolat et un biscuit caramélisé. A côté elle plaça trois macarons au chocolat ainsi qu'une petite part de brownie. Plaçant le tout sur un plateau argenté, elle déposa sa commande sur la table la plus proche de son comptoir.

L'homme fini alors par s'approcher d'elle, balbutiant des phrases casi-incompréhensible. Cela eut pour effet un petit sourire sur ces lèvres, rougissant de même à se ventre qui réclamait famine. Et bien, il n'y avait pas de quoi en faire une histoire, mais il semblait si timide ... Cet aspect des humains lui manquait assez à vrai dire ... Peu de personne semble timide. Les joues de la blonde prirent un peu plus de couloir sous le regard observateur du roux. Qu'avait-il à la dévisager ainsi ? Aurait-elle quelque chose qui la trahissait ? Ces yeux seraient-ils devenu rouge ?

Saisissant son carnet, elle écrivit et se lui montra sans oser le regarder


"Et bien, ai-je quelque chose sur le visage pour avoir un regard comme celui-ci ?"


Bien qu'un peu intimidé par cette personne dans la boutique, elle n'avait entendu ces deux employé entrer. Les jumeaux ... d'étranges enfants ... qui passèrent l'air de rien auprès d'eux et partant dans l'arrière-boutique en riant.

Que de compliment qui se déversait de sa bouche, une véritable fontaine ... Un petit instant de silence s'installa (vous me direz que ce n'est pas surprenant !) ... la mine de son crayon semblait hésiter à écrire quelque chose.
Elle se voyait encore à ces cours de maintient, sa robe aux bordures de dentelle, ses cheveux parfaitement coiffées, son visage de porcelaine aux yeux bleus qui semblaient ne jamais vous lâcher du regard, aucun sourire aux lèvres ... sa préceptrice à cette époque tenait à la rigueur, la précision et la grâce. Combien avait-elle reçut de coup de bâton lorsqu'elle ne réussissait pas ... elle ne comptait plus, mais chaque coup qu'elle recevait, physiquement ou bien psychologiquement, la faisait couler dans sa propre et douce folie. La douceur laconique de ces bras imperceptible qui ceinturait ses reins, l'opacité de son âme l'enveloppant dans un film plastique, l'air venant à lui manquer, la panique, la crainte et toujours ces bras sombres tendu vers elle ... cédant de jours en jours à son côté amphigourique. Percevant les abominations humaines, ces larmes de pitié devinrent des cries de folie. L'affreuse Alice, la douce Ecila ... Un terrible mélange pour ces deux personnalités antithétiques ... La perfection


- Vous pouvez revenir quand vous le souhaitez, mais votre commande risque de refroidir si vous restez ainsi planté devant moi ... fut tout ce dont elle avait trouvé à répondre. Après cette "prise de parole", elle retourna aux cuisines afin de veiller sur ces deux jumeaux horrifiants qu'elle gardait sous son toit ... cette boutique était désormais leur refuge ... tout du moins lorsque le soleil était encore bien levé ... elle ne garantissait rien sur leurs activités la nuit ...

C'est alors que l'un d'eux prit la main de la jeune pâtissière avec un de ces sourires si énigmatique et pourtant si ... compréhensible à la fois

- Il ne la retrouvera jamais ... dit-il froidement avant que sa soeur ne l'accompagne aussi "c'est bien dommage, c'était une jolie fille" "tu sais bien soeurette, lorsqu'elles sont trop jolies, elles terminent toutes de la même manière" "tu as raison frérot ! Quelle crédulité de courir après cette fille ... hahaha!" "hihihi ! Comme ils disent , l'espoir fait vivre !"

Comment faisait-elle pour les supporter ... surement qu'elle avait besoin d'eux pour s'assurer d'un avenir ... si possible stable ... or dans le pétrin qu'elle venait de se mettre naturellement dedans ... C'est bien impossible d'espérer une vie calme. De toute manière, elle ne supporterait pas très longtemps ...

Revenant rapidement vers l'avant du magasin en entendant les grelots de la porte tinter, elle remarqua l'air que le jeune garçon avait. Il voulait fuir la boutique ? Soit, s'il voulait, après tout il ne lui devait rien, du moins pour ce qu'elle lui avait offert.

Une bonne part de sa clientèle était féminine, rien de bien étonnant après tout. Cette demoiselle brune demanda timidement un mille-feuille qu'elle avait vu à l'entrée. La pâtissière s’exécuta, sortant de la petite vitrine qui gardait fraîchement ses gourmandises le souhait de la jeune femme. Elle déposa le gâteau dans une boite cartonné qu'elle ferma avec un ruban turquoise et tandis l'objet désireux vers sa cliente qui paya la somme du et s'en alla en la remerciant.


"Excuses moi de ce petit moment, j'ai l'impression que tu souhaites partir au plus vite ! Alors cours et profites de cette journée ! Tu pourras toujours venir me revoir !"nota-t-elle sur son calepin avec un grand sourire.